Autrice : Jane Austen
Langue : Français
Genre : Lettres
Note : 4/5
Je me souviens encore d'une discussion que nous avions eu sur le stand des éditions Finitude au salon du Livre de Paris, il y a de cela des années, à propos de cet ouvrage. Alors dire que j'ai l'ai attendu et qu'il s'agit d'un travail de longue haleine est presque un euphémisme mais ça en valait la peine.
Je vous ai parlé de la version originale récemment, je ne reviendrai donc pas sur les lettres elles-mêmes, que j'adore. Je ne les ai d'ailleurs pas toutes relues ici, seulement mes préférées, et c'est assez pour vous dire que la traduction respecte l'esprit, l'humour et le piquant de la plume de Jane Austen.
J'aimerais en revanche vous parler de la forme de cet ouvrage. Là où j'avais trouvé l'autre indigeste, j'ai trouvé celui-ci passionnant. Bien que lourd, il s'ouvre à plat, et je vous assure que ça compte dans le confort de lecture mais surtout, les notes de bas de page sont... en bas de page. Et là encore, vous pouvez rire, ça peut vous paraître relever du détail, mais ça change tout.
Le plus important reste cependant ce qu'elles disent, évidemment, ces fameuses notes et on est loin des longues listes quasiment sans intérêt de l'édition originale. Ici, elles font leur job, elles expliquent une blague par-ci, replace un membre de la famille par-là... Comme la préface, et les quelques petits textes insérés entre certaines lettres ou à chaque début d'année, elles remettent le tout en contexte, que ce soit par rapport à l'époque, au climat historique ou à la vie de Jane elle-même, un apport indispensable. J'adorerais trouver cela dans tous ses romans d'ailleurs, ça nous éviterait peut-être de continuer à entendre que Jane Austen est fleur bleue, ou victorienne...
Je regrette en revanche l'absence totale des quelques lettres que Jane Austen n'a écrit ni à sa soeur, ni à ses nièces. Je pense qu'elles n'auraient pas dénotées en appendice et j'ai bien peur qu'on ne les ai jamais en français maintenant. Et ce que je trouve le plus dommage, c'est l'absence de la lettre de Cassandra annonçant la mort de sa soeur en fin d'ouvrage, bouleversante, une lettre qui me fait toujours pleurer et qui m'a beaucoup manquée ici pour clore le chapitre.
Je passe sur d'autres petits bémols, comme de vouloir à tout prix rapprocher les héros et les intrigues de Jane Austen à sa vie réelle et de présenter parfois des hypothèses comme des faits. Mais le plus décevant reste cette couverture, d'inspiration (si on peut appeler cela comme ça, et non, je ne crois pas) William Morris (qui était victorien au passage), réalisée par une IA. Un si bel ouvrage, une si belle réussite, un si long travail méritait vraiment un écrin plus éthique.
Je vous laisse juger ce point et pour tout le reste, je vous le conseille malgré tout. Je suis sûre qu'il fera un magnifique cadeau de Noël sous de nombreux sapins.
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