Toute la beauté des lettres et leur importance résident dans 
l'incertitude du genre de nouvelles qu'elles apportent, tantôt heureuses ou amusantes, tantôt triste ou perfide. Et lorsque l'on connaît un peu l'histoire de notre pauvre Marianne, on sait combien cette lettre qui en dit si peu par les mots, en dit tant par sa froideur et on souffre avec elle...
"Bond Street, janvier.
Chère Mademoiselle,
Je viens d'avoir l'honneur de recevoir votre lettre et vous prie d'accepter en échange mes sincères remerciements. Je suis navré d'apprendre qu'il ait pu y avoir quelque chose dans ma façon d'agir hier soir qui n'ait pas rencontré votre approbation? Bien que je sois dans le grand embarras pour découvrir par quel détail de mon comportement j'ai pu avoir le malheur de vous offenser, je vous conjure de me pardonner, ce qui, je vous l'assure, s'est produit sans aucune mauvaise intention de ma part. Je ne penserai jamais aux relations que j'ai eues autrefois avec votre famille dans le Devon sans les sentiments les plus vifs de plaisir et de gratitude, et je me flatte qu'ils n'auront point à disparaître sous l'effet de quelque méprise ou de quelque interprétation erronée de mes actions. L'estime que je porte à tout votre famille est des plus sincères. Mais si j'ai eu le malheur de donner à croire davantage que je ne ressentais ou que je ne cherchais à exprimer, je me reprocherai de ne pas avoir été plus circonspect dans la manière dont j'ai fait connaître cette estime. Que j'aie jamais voulu laisser entendre davantage est une chose dont vous reconnaîtrez l'impossibilité quand vous comprendrez que mon coeur est depuis longtemps promis à une autre et que beaucoup de semaines ne s'écouleront pas avant que cet engagement soit
tenu. C'est avec beaucoup de regrets que j'obéis à vos ordres de retourner les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser et la mèche de cheveux que vous m'avez si obligeamment accordée.
Je suis, chère Mademoiselle, votre très obéissant et très humble serviteur,
John Willoughby"
Ah, perfide Willoughby...
Commentaires
Tsss ce Willoughby ! Pauvre Marianne ! Une lettre si froide pour une personne si exaltée et amoureuse... A chaque fois que je lis la lettre j'ai le cœur brisé avec elle.
Et moi j'imagine toujours sa pimbêche de fiancée, perchée au-dessus de son épaule en train de lui dicter quoi répondre!! Ouhhh, je lui arracherais bien quelques cheveux!!
Ah ah ah ^^
Dieu sait pourtant qu'il a dû souffrir à l'intérieur de lui-même de devoir faire ce qu'il a fait pour subsister... Je ne l'aime pas, à cause de la souffrance qu'il a infligée à Marianne. Mais je le plains de n'avoir pas su suivre son coeur... simplement son coeur. Et non son portefeuille.
Je sais que je devrais avoir pitié de lui mais malgré tout je n'y arrive pas. Quand il dit à Elinor qu'il est inutile de plaindre sa femme qui a choisit de l'épouser en toute connaissance de cause, c'est-à-dire sachant qu'il en aimait une autre et qu'il ne l'épousait que pour son argent, je ne peux pas le plaindre lui d'avoir pareillement choisit son destin en toute connaissance de cause!!!
Tout à fait d'accord! Quelle époque cruelle :((
Oui, que de coeurs brisés il y a du y avoir... Mais peut-être aussi que les désillusions y étaient moins fortes qu'aujourd'hui!
Je suis très contente de découvrir ce blog ! Je trouve plein de produits dérivés austeniens dont je ne soupçonnais même pas l'existence!
Bienvenue Aude!!
Pour notre plus grand bonheur, ils existent effectivement une liste sans fin de produits dérivés de l'oeuvre de Jane. J'espère te faire découvrir des choses interessantes et te faire passer de bons moments chez moi ^^
Alice,
J'ai mis ton blog dans mes "favoris" sur mon blog. Il mérite sa place! ^^
A bientot :)
Le tout enrobé dans un gant de velours... rien de pire !
Exactement!!! A ce que je peux détester cette lettre et son auteur!! Pauvre Marianne...
C'est en effet un modèle de mauvaise foi et de perfidie, cette lettre. Quelle humiliation pour Marianne, qu'il accuse en gros d'être une pauvre fille qui s'est fait des idées sur la nature de leurs relations.
Oui, genre quand je t'ai invité à visiter ma maison, seule et que je t'ai demandé si tu aimerais y vivre, il n'y avait vraiment rien à en conclure!!!!!!!!!! Quel hypocrite ce Willoughby!
Perfide fiancée! Willoughby n'est certes pas un ange mais il aimait sincèrement Marianne. Un amour voué à l'échec... Une histoire d'amour qui nous fait ressentir la même chose qu'elle : une trahison et une infinie tristesse
Il est certain que Willoughby à du aimer Marianne à un certain moment mais j'ai relu la fin récemment et il ne semble pas non plus s'être morfondu très longtemps! Je suis donc personnellement bien contente qu'elle finisse avec le Colonel Brandon! On a eu un débat la dessus il me semble dans les commentaires d'un billet récent. Je crois que c'était sur Jane Austen, Passions Discrètes.