Un petit tour visuel des sequels, prequels et autres autour d'Emma:
Emma - Page 6
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Around Emma
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Emma, les Premiers Mots...
"Emma Woodhouse, handsome, clever, and rich, with a comfortable home and happy disposition, seemed to unite some of the best blessings of existence; and had lived nearly twenty-one years in the world with very little to distress or vex her."
"Emma Woodhouse, belle, intelligente, riche, dotée d'un heureux caractère et pourvue d'une très confortable demeure, semblait jouir des dons les plus précieux de l'existence. Elle avait passé près de vingt et un ans sur cette terre et n'avait encore connu que bien peu de peines et de contrariétés."
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Emma
Emma Woodhouse est très certainement l'héroïne la plus peste de Jane Austen. Elle est jeune, belle, riche et adulée par son entourage, par conséquent, elle pense tout savoir sur le monde. Seul son ami d'enfance, voisin et beau-frère, Mr. Knightley l'incite régulièrement à se remettre en question. Comme elle n'a aucune intention de se marier elle-même, n'en voyant pas l'intérêt, elle a comme passe temps favori d'interférer dans les affaires de coeur de ses voisins et amis, en créant souvent plus de désastres que de bonheur, jusqu'à mettre son propre bonheur en péril...
Emma est, il me semble, le livre le plus long de Jane Austen. Peut-être être aussi celui qui fait le moins l'unanimité. Certaines l'adorent, d'autres ne l'aiment pas du tout. Personnellement, je trouve l'héroïne attachante, d'autant plus que ses erreurs vont vraiment finir par lui coûter et qu'elle les reconnaîtra, j'ai d'ailleurs écrit un plaidoyer pour Emma, décortiquant ses défauts et ses qualités. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants ici, même si c'est aussi le cas dans d'autres romans, les vélléités d'entremetteuse d'Emma nous faisant suivre diverses histoires d'amour. Cela dit, le meilleur moyen de vous faire une opinion est encore de le lire.
Après une nouvelle relecture, dix ans après (mars 2020), j'ai envie d'approfondir un peu plus encore cette analyse. Je me rends compte que j'avais oublié de nombreuses choses comme la description peu flatteuse de la mère de Franck, le mauvais caractère du mari d'Isabella (beau-frère d'Emma, frère de Kngihtley), la présence des domestiques plus marquées que dans ses autres romans ou encore la description d'Highbury qui n'est pas un tout petit village comme le laissent entendre la plupart des adaptations. Le roman comporte une foule de détails et de surprises alors même que je pensais déjà bien le connaître. Je suis une nouvelle fois éblouie par la modernité et la simplicité de l'écriture, l'humour et l'ironie présents à chaque ligne ou presque, le génie de l'auteur. Je découvre que chaque élément est pensé, pesé, que tout était là, qu'il suffisait d'ouvrir les yeux... Il y a tellement de niveaux de lectures chez Jane Austen que l'on peut relire ses romans sans fin.
Dans les premiers chapitres, je suis immédiatement attendrie par l'affection entre Emma et son père, je suis intriguée par la présentation d'Emma par son auteur, mettant très avant ses défauts et glissant chacune de ses qualités avec subtilité, je suis enthousiasmée par la dispute entre l'héroïne et Knightley au chapitre 8.
Si le premier volume fourmille d'activité, celle-ci ralentit légèrement dans le suivant, avec l'introduction successive de nouveaux personnages et je comprends qu'on puisse s'y ennuyer un petit peu plus. De plus, l'héroïne ne vit sa propose histoire d'amour qu'à la toute fin du dernier volume, le lecteur qui s'attendait donc à une romance, ce qui est souvent le cas à cause de l'image de Jane Austen véhiculée par certaines adaptations, risque sans conteste d'être déçu. De mon côté, je prends conscience que malgré les qualités de Miss Bates, il fallait vraiment une patience d'ange pour l'écouter discourir, que bien que Jane Fairfax soit pleine de vertus, elle est également plutôt froide et n'ouvre quasiment pas la bouche avant la page 300 et que Franck Churchill est un sacré goujat.
Dans le dernier volume, enfin, j'ai détesté encore un peu plus Franck, décidément, alors que plus jeune je pense que je ressentais plus d'indulgence pour lui, j'ai regretté que leur inimitié pour l'insupportable Augusta Elton ne rapproche pas les deux jeunes filles et j'ai soupiré de frustration lorsque la déclaration d'amour s'interrompt en plein milieu. Décidément, Jane Austen n'aimait pas écrire les fins...
En résumé, j'ai la joie de découvrir que j'aime toujours Emma, le roman, et que j'aime encore plus Emma, l'héroïne.