Titre : Le Moine
Auteur : Matthew G. Lewis
Langue: Français
Note: 4/5
Tout comme les Mystères d'Udolphe, le Moine ne peut pas vous être totalement inconnu si vous avec suivi de près les aventures de la jeune Catherine Morland dans Northanger Abbey. En effet, il est un de ses livres de chevet avec lequel elle aime s'effrayer et imaginer le pire.
Antonia vient à Madrid avec sa mère pour implorer la pitié d'un parent mais en lieu et place de la protection qu'elle espérait, elle va se heurter à la convoitise et la malveillance des hommes alors qu'Agnès, enfermée au couvent, désespère de sa situation et de revoir un jour celui pour lequel son coeur bat...
Voilà pour les grandes lignes de l'histoire. Il s'agit du roman gothique dans toute sa splendeur, dépeignant des jeunes femmes innocentes et des jeunes hommes héroïques prêts à tout sacrifier les uns pour les autres après avoir échangé un regard et quelques mots seulement... Bien évidemment, ils sont poursuivi par le malheur et la malchance sont une forme des plus diaboliques et qui se résume le plus souvent ici à la luxure de certains personnages.
La construction est également particulière puisque l'on suit successivement différentes intrigues en revenant en arrière dans le temps à chaque fois. L'époque permet également à l'auteur de brosser un tableau de la femme qui, je l'espère, ne serait plus possible aujourd'hui et le clergé en prend également largement pour son grade !
Je ne peux pas dire que j'ai moi-même frissonné de terreur durant ma lecture mais je peux imaginer tout l'impact que ce livre a pu avoir à son époque et l'impression qu'il a pu faire sur des jeunes femmes naïves ne connaissant pas encore grand chose de la vie. Je suis d'ailleurs très étonnée qu'elles aient eu accès à ce genre de littérature, où certaines scènes sont tout de même très explicites, où le sexe tient une si grande part et où l'on côtoie viol, meurtre, inceste et autre sujet du même genre. En comparaison, le recul que Jane Austen peut avoir par rapport à ce genre de littérature, qu'elle parodie dans son Northanger Abbey et dont elle se moque gentiment, nous montre une nouvelle fois sa connaissance pointue de la nature humaine, son intelligence et même, j'oserais dire, une clairvoyance que l'on peut trouver assez étonnante pour une jeune femme de cette époque, fille de pasteur célibataire.
Quoi qu'il en soit, j'ai véritablement apprécié ma lecture de ce roman, malgré l'indulgence un peu trop marquée de l'auteur pour son personnage masculin principal à qui il trouve longtemps des excuses, et je vous conseille de tenter au moins une fois la lecture d'un roman gothique même si je crois qu'aujourd'hui leur effet est inverse de celui voulu au départ, et qu'ils portent plus à faire sourire qu'à effrayer le lecteur.
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