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  • Persuasion

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    persuasion.jpg   Si je ne devais choisir qu'un seul livre de Jane Austen, il me serait tout à fait impossible de départager Pride & Prejudice de Persuasion. Je trouve Persuasion peut-être moins accessible, moins fluide. Les dialogues y sont peu nombreux et le ton moins léger même si l'humour reste présent. Mais si je ne devais me baser que sur l'histoire, celle de Persuasion est, de loin, celle qui me bouleverse et me passionne le plus. Quelle merveille de romantisme, de profondeur et de subtilité.

       Anne Elliott est une jeune femme de 27 ans, intelligente mais quelque peu effacée. D'ailleurs, son père fait plus de cas de son titre de baronnet que de sa propre fille et Elizabeth, sa soeur aînée, préfère la compagnie d'une vulgaire intrigante, Mrs. Clay, à celle d'Anne. En plus d'être sot et imbu de sa personne, son père se voit contraint de louer Kellynch, sa demeure, pour couvrir ses dettes. Il part donc s'installer à Bath avec Elizabeth et Mrs. Clay, alors qu'Anne reste dans les environs, dans un premier temps auprès de sa marraine, Lady Russell puis en rendant visite à sa soeur cadette et à son beau-frère, Mr. et Mrs. Musgrove. Elle ne pourra donc pas éviter de rencontrer les nouveaux occupants de Kellynch, l'amiral Croft et sa femme, alors que cette dernière n'est autre que la soeur du Capitaine Wentworth. L'épreuve se révèle plus qu'éprouvante pour Anne. En effet, lorsqu'elle a rencontré le Capitaine il y a de cela huit ans, ils se sont aimés et même fiancés. Mais Lady Russell avait alors réussi à convaincre Anne de rompre ses fiancailles imprudentes avec un homme sans titre, sans argent et sans relation, sur le point de partir en mer faire la guerre. Elle n'a depuis plus eu de nouvelles de lui et le voilà de retour. Toujours aussi beau et devenu riche, il ne manque pas de prétendantes. Chez les Musgrove aussi bien que chez les Croft, personne ne connaît leur ancien attachement et les premières rencontres avec Anne sont glaciales. Il va même jusqu'à dire la trouver tellement changée qu'il ne l'aurait pas reconnu... Déchirant !

  • Northanger Abbey

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    NACatherinereading.jpg   Northanger Abbey est pour moi un roman un peu à part de Jane. Si toute son oeuvre est parsemée de sa fine ironie, c'est sans aucun doute celui-ci qui bénéficie le plus de son humour pointu. Et il suffit, pour s'en convaincre, de lire la première page seulement. Northanger Abbey n'est rien de moins qu'une parodie du roman noir, très en vogue à l'époque.

       Catherine Morland est une jeune écervelée rêveuse qui grandit parmi ses frères et soeurs auprès de parents paisibles, dans un petit village, et qui n'aurait jamais dû être une héroïne, dixit Jane. Heureusement, Mr. et Mrs. Allen, voisins et amis, décident de la sortir de son existence routinière en lui proposant de les accompagner à Bath. Là-bas, elle fera la connaissance d'un tout nouveau monde et de personnages aussi différents qu'intéressants, les Thorpes et les Tilney. Elle pourra alors laisser libre court à sa folle imagination, bien que finalement les uns se révèlent bien plus normaux qu'elle ne le pensait quand les autres se révèleront plus perfides.virgilstombbymidnight_richardwright1782w.jpg

       Lorsque j'ai lu cette oeuvre pour la première fois, j'étais, telle Catherine, une jeune adolescente impressionable. Je n'ai donc eu aucun mal à me retrouver dans ses rêveries  et peut-être même dans sa grande naïveté qui frise parfois la stupidité, il faut bien le dire. En le relisant aujourd'hui, je me demande seulement comment j'ai pu passer à côté d'autant d'humour et de traits d'esprits. Tout simplement irrésistible !

     

    Et si vous voulez ajouter "Northanger Abbey" à votre PAL, c'est par ici.

  • Emma

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       Emma Woodhouse est très certainement l'héroïne la plus peste de Jane Austen. Elle est jeune, belle, riche et adulée par son entourage, par conséquent, elle pense tout savoir sur le monde. Seul son ami d'enfance, voisin et beau-frère, Mr. Knightley l'incite régulièrement à se remettre en question. Comme elle n'a aucune intention de se marier elle-même, n'en voyant pas l'intérêt, elle a comme passe temps favori d'interférer dans les affaires de coeur de ses voisins et amis, en créant souvent plus de désastres que de bonheur, jusqu'à mettre son propre bonheur en péril...

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       Emma est, il me semble, le livre le plus long de Jane Austen. Peut-être être aussi celui qui fait le moins l'unanimité. Certaines l'adorent, d'autres ne l'aiment pas du tout. Personnellement, je trouve l'héroïne attachante, d'autant plus que ses erreurs vont vraiment finir par lui coûter et qu'elle les reconnaîtra, j'ai d'ailleurs écrit un plaidoyer pour Emma, décortiquant ses défauts et ses qualités. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants ici, même si c'est aussi le cas dans d'autres romans, les vélléités d'entremetteuse d'Emma nous faisant suivre diverses histoires d'amour. Cela dit, le meilleur moyen de vous faire une opinion est encore de le lire.

       Après une nouvelle relecture, dix ans après (mars 2020), j'ai envie d'approfondir un peu plus encore cette analyse. Je me rends compte que j'avais oublié de nombreuses choses comme la description peu flatteuse de la mère de Franck, le mauvais caractère du mari d'Isabella (beau-frère d'Emma, frère de Kngihtley), la présence des domestiques plus marquées que dans ses autres romans ou encore la description d'Highbury qui n'est pas un tout petit village comme le laissent entendre la plupart des adaptations. Le roman comporte une foule de détails et de surprises alors même que je pensais déjà bien le connaître. Je suis une nouvelle fois éblouie par la modernité et la simplicité de l'écriture, l'humour et l'ironie présents à chaque ligne ou presque, le génie de l'auteur. Je découvre que chaque élément est pensé, pesé, que tout était là, qu'il suffisait d'ouvrir les yeux... Il y a tellement de niveaux de lectures chez Jane Austen que l'on peut relire ses romans sans fin.

       Dans les premiers chapitres, je suis immédiatement attendrie par l'affection entre Emma et son père, je suis intriguée par la présentation d'Emma par son auteur, mettant très avant ses défauts et glissant chacune de ses qualités avec subtilité, je suis enthousiasmée par la dispute entre l'héroïne et Knightley au chapitre 8.

    jane,austen,jane austen,emma   Si le premier volume fourmille d'activité, celle-ci ralentit légèrement dans le suivant, avec l'introduction successive de nouveaux personnages et je comprends qu'on puisse s'y ennuyer un petit peu plus. De plus, l'héroïne ne vit sa propose histoire d'amour qu'à la toute fin du dernier volume, le lecteur qui s'attendait donc à une romance, ce qui est souvent le cas à cause de l'image de Jane Austen véhiculée par certaines adaptations, risque sans conteste d'être déçu. De mon côté, je prends conscience que malgré les qualités de Miss Bates, il fallait vraiment une patience d'ange pour l'écouter discourir, que bien que Jane Fairfax soit pleine de vertus, elle est également plutôt froide et n'ouvre quasiment pas la bouche avant la page 300 et que Franck Churchill est un sacré goujat

       Dans le dernier volume, enfin, j'ai détesté encore un peu plus Franck, décidément, alors que plus jeune je pense que je ressentais plus d'indulgence pour lui, j'ai regretté que leur inimitié pour l'insupportable Augusta Elton ne rapproche pas les deux jeunes filles et j'ai soupiré de frustration lorsque la déclaration d'amour s'interrompt en plein milieu. Décidément, Jane Austen n'aimait pas écrire les fins...

       En résumé, j'ai la joie de découvrir que j'aime toujours Emma, le roman, et que j'aime encore plus Emma, l'héroïne.