Auteur : Whit Stillman
Langue : Français
Roman : Lady Susan
Genre : Point de Vue
Note : 4/5
Quelques mots tout d'abord sur Whit Stillman, qui n'est pas un inconnu dans le petit monde austenien puisqu'il n'est autre que le réalisateur de Love and Friendship, l'adaptation cinématographique de Lady Susan. Pourtant, attention, il ne s'agit pas ici de la retranscription du film mais bien d'une austenerie à part entière et les austeneries autour de ce roman n'étant pas nombreuses, c'est déjà une bonne nouvelle.
L'axe choisi est pour le moins original puisque l'histoire nous est racontée par le neveu par alliance de Lady Susan avec l'intention de réhabiliter cette charmante dame, honteusement calomniée par la vieille demoiselle auteure, Jane Austen en personne. Ce qui amusant, c'est que le neveu en question est un sot et qu'à aucun moment bien sûr, il n'arrive à nous convaincre que les actes de Lady Susan aient pu être différents de ce que l'on pensait, tout en se félicitant lui-même régulièrement de défendre si bien sa cause. J'ai beaucoup aimé cet humour-là mais j'ai regretté que l'auteur n'aille pas plus loin dans sa réécriture, se cantonne à des scènes que nous connaissons déjà là où son neveu aurait pu nous en apprendre bien plus sur la suite des évènements par exemple. Il y a bien quelques bonnes surprises sur la fin mais trop peu nombreuses à mon goût. Finalement, on reste un peu trop proche du texte d'origine et moi qui le connait presque par coeur me suis parfois légèrement ennuyée.
Malgré ce petit bémol, qui vient principalement du fait que j'ai lu et relu l'oeuvre originale un trop grand nombre de fois sûrement, on reste quand même très largement dans le haut du panier des austeneries, surtout du point de vue de l'écriture.
À la fin du récit est adjoint le texte original, commenté par le neveu, et là encore je trouve l'idée amusante mais un peu sous-exploitée. Ce qui est plus intéressant en revanche, c'est qu'il s'agit ici d'une nouvelle traduction et je salue l'initiative des Éditions Tristram et le travail de Johanna Blayac. En la comparant à d'autres traductions ainsi qu'à l'original, j'ai pu me rendre compte que les différences étaient infimes et pourtant, et ne me demandez pas à quoi ça tient, j'ai trouvé son travail plus direct, audacieux et apportant un peu de fraîcheur à ce texte tant de fois parcouru. Et comme il eut été dommage de ne pas profiter de cette nouvelle version, Tristram réédite également Lady Susan, seul, et avec cette jolie couverture rose, le 7 juin prochain.
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