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austen - Page 3

  • Emma

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       Emma Woodhouse est très certainement l'héroïne la plus peste de Jane Austen. Elle est jeune, belle, riche et adulée par son entourage, par conséquent, elle pense tout savoir sur le monde. Seul son ami d'enfance, voisin et beau-frère, Mr. Knightley l'incite régulièrement à se remettre en question. Comme elle n'a aucune intention de se marier elle-même, n'en voyant pas l'intérêt, elle a comme passe temps favori d'interférer dans les affaires de coeur de ses voisins et amis, en créant souvent plus de désastres que de bonheur, jusqu'à mettre son propre bonheur en péril...

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       Emma est, il me semble, le livre le plus long de Jane Austen. Peut-être être aussi celui qui fait le moins l'unanimité. Certaines l'adorent, d'autres ne l'aiment pas du tout. Personnellement, je trouve l'héroïne attachante, d'autant plus que ses erreurs vont vraiment finir par lui coûter et qu'elle les reconnaîtra, j'ai d'ailleurs écrit un plaidoyer pour Emma, décortiquant ses défauts et ses qualités. Les personnages secondaires sont aussi très intéressants ici, même si c'est aussi le cas dans d'autres romans, les vélléités d'entremetteuse d'Emma nous faisant suivre diverses histoires d'amour. Cela dit, le meilleur moyen de vous faire une opinion est encore de le lire.

       Après une nouvelle relecture, dix ans après (mars 2020), j'ai envie d'approfondir un peu plus encore cette analyse. Je me rends compte que j'avais oublié de nombreuses choses comme la description peu flatteuse de la mère de Franck, le mauvais caractère du mari d'Isabella (beau-frère d'Emma, frère de Kngihtley), la présence des domestiques plus marquées que dans ses autres romans ou encore la description d'Highbury qui n'est pas un tout petit village comme le laissent entendre la plupart des adaptations. Le roman comporte une foule de détails et de surprises alors même que je pensais déjà bien le connaître. Je suis une nouvelle fois éblouie par la modernité et la simplicité de l'écriture, l'humour et l'ironie présents à chaque ligne ou presque, le génie de l'auteur. Je découvre que chaque élément est pensé, pesé, que tout était là, qu'il suffisait d'ouvrir les yeux... Il y a tellement de niveaux de lectures chez Jane Austen que l'on peut relire ses romans sans fin.

       Dans les premiers chapitres, je suis immédiatement attendrie par l'affection entre Emma et son père, je suis intriguée par la présentation d'Emma par son auteur, mettant très avant ses défauts et glissant chacune de ses qualités avec subtilité, je suis enthousiasmée par la dispute entre l'héroïne et Knightley au chapitre 8.

    jane,austen,jane austen,emma   Si le premier volume fourmille d'activité, celle-ci ralentit légèrement dans le suivant, avec l'introduction successive de nouveaux personnages et je comprends qu'on puisse s'y ennuyer un petit peu plus. De plus, l'héroïne ne vit sa propose histoire d'amour qu'à la toute fin du dernier volume, le lecteur qui s'attendait donc à une romance, ce qui est souvent le cas à cause de l'image de Jane Austen véhiculée par certaines adaptations, risque sans conteste d'être déçu. De mon côté, je prends conscience que malgré les qualités de Miss Bates, il fallait vraiment une patience d'ange pour l'écouter discourir, que bien que Jane Fairfax soit pleine de vertus, elle est également plutôt froide et n'ouvre quasiment pas la bouche avant la page 300 et que Franck Churchill est un sacré goujat

       Dans le dernier volume, enfin, j'ai détesté encore un peu plus Franck, décidément, alors que plus jeune je pense que je ressentais plus d'indulgence pour lui, j'ai regretté que leur inimitié pour l'insupportable Augusta Elton ne rapproche pas les deux jeunes filles et j'ai soupiré de frustration lorsque la déclaration d'amour s'interrompt en plein milieu. Décidément, Jane Austen n'aimait pas écrire les fins...

       En résumé, j'ai la joie de découvrir que j'aime toujours Emma, le roman, et que j'aime encore plus Emma, l'héroïne.

     
     
  • Mansfield Park

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       fanny-and-mary-mansfield-park.jpgFanny Price est une jeune fille raisonnable et discrète, qui, à l'âge de 10 ans, a été recueillie à Mansfield Park par son oncle et ses deux tantes. Bien qu'elle soit consciente de la chance qui lui est offerte et malgré tout son bon caractère, Fanny a du mal à se réjouir d'avoir quitté ses parents et ses frères et soeurs aimants pour vivre avec un oncle froid et distant, une tante qui s'intéresse plus à ses chiens qu'à ses enfants et une autre absolument tyrannique. Quant à ses cousines, elles ne permettront jamais à Fanny d'oublier sa place. Seuls ses cousins lui apportent un peu de réconfort, l'aîné en lui offrant parfois de petits cadeaux et Edmund, quant à lui, en étant son seul véritable ami. Mais alors que Fanny devient une belle jeune fille, sans que qui que ce soit n'en prenne conscience, toute cette quiétude va être bouleversée par l'arrivée du jeune Henry Crawford et de sa soeur Mary. Bien que sans réelle mauvaise intention, ils n'ont aucune considération pour les sentiments d'autrui et seul leur divertissement et leurs intérêts comptent, ce dont seule Fanny semble se rendre compte. C'est ainsi qu'ils vont déclancher un cataclysme au sein de la vie paisible de Mansfield Park.

       Ce roman présente une héroïne bien différente d'Elizabeth Bennett, plus proche d'une Anne Elliott ou d'une Elinor Dashwood, très raisonnable et très réservée, parfois trop. Il arrive que l'on ait envie de la secouer un peu ou que l'on soit dépité devant l'aveuglement d'Edmund en particuler et de sa famille en général. Mais comme dans tous les romans de Jane Austen, la fin heureuse est inévitable, même si je ne suis personnellement pas une grande adepte de la façon dont celle-ci est expédiée. Peut-être le roman que j'aime le moins mais dont l'intérêt est cependant relevé par le comportement extrêmement choquant pour l'époque de certains des personnages.

       Avec dix ans de recul, et après avoir lu différents essais sur Mansfield Park qui m'invitaient à voir Fanny d'un autre oeil, j'ai décidé de me replonger dans ce roman. Dès le début, je suis étonnée de cette introduction bien tardive de l'héroïne et je trouve malheureusement que cette distance  demeurera quasiment jusque dans les dernières pages. Malgré tout, je la juge moins sévèrement qu'auparavant et je suis prête à lui reconnaître bien des qualités comme sa grande perspicacité, sa droiture et son courage. D'un autre côté, je la trouve extrêmement sévère dans son jugement des autres et il me semble qu'elle manque cruellement d'empathie, des défauts que j'ai du mal à lui pardonner...

       Pour le reste, je me souvenais assez bien du roman, je trouve toujours Edmund aussi insipide, condescendant et ne méritant pas Fanny, et leur relation me dérange grandement parce que, pour présenter une métaphore très explicite, elle ressemble plus à la relation d'un chien avec son maître qu'à tout autre chose pour moi. Je suis toujours peinée pour Henry Crawford qui, évidemment, est loin d'être irréprochable mais aimait sincèrement Fanny et la bonne surprise ici fut pour moi Sir Thomas pour lequel j'ai beaucoup de tendresse.

    Chaque volume est plus interessant que le précédent et le tout présente un crescendo interessant et pourtant, ce roman reste, de loin, celui que j'aime le moins de Jane Austen. Et les raisons sont au-delà des personnages qui me séduisent peu. J'éprouve, à vrai dire, en le lisant, une véritable sensation de malaise. C'est un roman que je trouve tout d'abord dénué de l'humour auquel l'auteur m'a habitué, il est plutôt dans la mélancolie et je n'y retrouve pas l'esprit de Jane Austen. Les deux héros sont parés d'opinions et de comportements dont elle se moquerait plutôt dans ses autres romans et je suis perdue, ne comprenant pas où elle veut venir. J'ai l'impression que le sens total de Mansfield Park m'échappe et j'en suis particulièrement triste.

     

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  • Orgueil et Préjugés - Pride & Prejudice

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       431165434v5_480x480_Front.jpgElizabeth Bennet est la deuxième d'une famille de cinq enfants. Cinq filles. Elle s'entend à merveille avec sa soeur aînée, Jane, mais ses trois plus jeune soeurs sont passablement... idiotes. Il faut dire qu'elles tiennent toutes ça de leur honorable mère et que leur père ne fournit pas tellement d'efforts pour arranger les choses. Leur vie s'écoule paisiblement, autant qu'il est possible de le faire dans une telle famille, quand un jeune homme riche vient s'installer dans le voisinage accompagné de quelques uns de ses amis tout aussi riches. Mrs Bennet en est certaine, voilà l'occasion rêvée de marier ses filles convenablement...

       Dès la première rencontre, ses espoirs semblent justifiés puisque M. Bingley à l'air d'avoir distingué Jane Bennet parmi toutes les jeunes filles de l'assemblée. Et pour ne rien gâcher, il est tout à fait charmant et agréable. 424881879v14_480x480_Front.jpgMais on ne peut pas en dire autant de son ami, Mr Darcy. Il est l'homme le plus hautain que la terre ait porté et s'est même permis d'offenser Elizabeth Bennet en la jugeant tout juste passable et pas assez jolie pour être tenté de danser avec elle.

       Bien évidemment, rien ne va se passer comme ces premiers moments le laissent penser, les péripéties vont se multipier et l'arrivée de tout un régiment d'officiers va encore corser la donne. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir ce qui est, selon moi, l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrite. D'ailleurs, s'il est le roman le plus connu de Jane Austen, ce n'est pas pour rien. Je ne serais pas originale pour deux sous et je dirais que c'est incontestablement l'un des meilleurs et mon préféré (avec Persuasion dont j'adore l'histoire mais que je trouve légèrement moins bien écrit).

     

    Credit photo: Pemberley Pond

     

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  • Raison et Sentiments - Sense and Sensibility

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       2333035462_004fec5ef2.jpgMarianne et Elinor Dashwood viennent de perdre leur père et avec cela, presque tout. En effet, leur frère, né d'un précédent mariage, hérite de leur grande demeure. Leur mère et elles doivent alors s'en remettre à la générosité de leur famille éloignée et s'installent dans un cottage retiré. Leur train de vie est considérablement réduit et leurs dépenses doivent se limiter au strict nécessaire. Quel changement !

       Elinor est, par la force des choses, une jeune fille très raisonnable. Cela ne l'empêche pas de nourrir de tendres sentiments pour le frère de sa belle-soeur, Edward Ferrars. Bien que le jeune homme semble lui retourner ses sentiments, Elinor attendra en vain une demande en mariage. Est-ce à cause de leur différence de fortune, de sa famille à lui qui ne veut pas de cette union ou d'un secret bien plus lourd à porter?

       Marianne, elle, est très passionée et extravertie. Elle ne cache pas ses sentiments pour le beau et jeune Willoughby alors même que sa soeur lui conseille la prudence. Tout le monde les pense fiancés lorsque le jeune homme quitte brutalement la région...

       C'est un roman qui a beaucoup de qualités, que j'apprends à apprécier de plus en plus avec le temps. Malgré tout, il n'est pas aussi brillant qu'Orgueil et Préjugés, c'est certain, ni aussi joyeux. Il commence par un drame, et le ton de la première partie reste assez pesant. J'y trouve même Jane Austen cruelle dans la description de ses différents personnages. Aucun ne semble vraiment trouver grâce à ses yeux, alors que moi j'aime beaucoup Elinor, dont je me sens très proche. Le rythme s'accélère dès que nous suivons les deux soeurs à Londres, où les mésaventures et les révélations s'enchaînent... Cela dit, les méchants ne sont pas assez punis à la fin pour que ce roman figure parmi mes préférés. Mais même si Jane Austen s'est efforcée de donner des "happy end" à ses livres, elle montre bien ici l'extrême lucidité dont elle faisait déjà preuve très jeune, sur la vie, et sur les gens, et insuffle ce réalisme dans Raison et Sentiments.

     

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