J'ai pris tant de plaisir à être en compagnie de Jane, que je ne peux la quitter comme ça! Dans le premier billet, j'ai essentiellement parlé de Claire Tomalin et de la façon de mener sa biographie, ici je voudrais ajouter quelques mots sur Jane Austen et ce que cette biographie m'a permis de comprendre.
Tout d'abord, on décèle très rapidement tout ce qui a façonné la personnalité de Jane dans son enfance: être mise en nourrice très tôt comme cela se faisait à l'époque, grandir entourée de tant de garçons... Ce sont autant d'éléments qui ont du l'obliger à se forger le caractère. Alors que Cassandra était l'aînée et pouvait garder un caractère doux en adoptant une position de "maman" avec ses frères et soeurs, ce qui ne lui conférra pas pour autant une place plus facile, Jane, elle, s'endurcissait. Cela ne veut pas dire non plus que sa famille n'était pas aimante! J'ai d'ailleurs beaucoup de tendresse pour Mr Austen, qui semblait beaucoup se soucier de ses filles, ce qui n'était pas si courant et qui a été le premier à démarcher un éditeur pour sa fille!
On se rend vite compte aussi qu'il y a de très nombreux parallèles entre sa vie et ses romans, mais c'est un sujet si vaste que j'y consacrerai d'autres billets! Elle avait aussi dans son voisinnage une source inépuisable d'histoires plus hallucinantes les unes que les autres dont elle ne s'est pas servie. Cela semble montrer à quel point elle voulait dépeindre le quotidien d'une famille "normale" sans tomber dans l'excentricité! En fait, elle semble prendre des points de repères dans ce qu'elle connaît pour ensuite ne se servir plus que de son imagination!
Le livre nous permet aussi de faire un constat bien amer: le meilleur de la plume de Jane était certainement dans toutes ses lettres disparues! Il ne nous reste plus qu'à nous contenter de celles qui restent que la biographie m'a grandement donnée envie de lire!
Il y aussi, évidemment des passages très tristes. J'ai personnellement été touché par celui où Claire Tomalin décrit la vie de Jane lorsqu'elle passait du temps dans la grande maison de Godmersham, chez son frère aîné Edward Knight. Non seulement la différence de train de vie devait être assez difficile à supporter, mais il semble que là-bas les gens portaient un jugement assez dédaigneux sur Jane. Ils la trouvaient sans raffinement! Il est difficile de croire que Jane ait pu ignorer ce qu'était le raffinement, elle le montre dans tous ses romans et plus particulièrement dans Pride & Prejudice avec la description du comportement de chacun et la façon dont elle le juge. Alors je peux me tromper, mais il me semble qu'elle n'avait aucune envie de faire l'effort de paraître raffinée pour des gens qui l'avaient d'ores et déjà jugée et que, pour la plupart, elle n'aimait pas!
Il y a bien sûr, bien d'autres passages tristes: la mort du fiancé de Cassandra, le déménagement de Steventon, la dépression certainement à Bath. Jane n'écrit alors plus une ligne... Puis la joie revient peu à peu et on en apprend encore beaucoup sur Jane: qu'elle parle de ses personnages comme s'ils existaient vraiment, qu'elle compte parmi ses amies des employées de maison, que lorsqu'elle n'écrit pas de dialogue, cela montre son manque d'interet pour un point de l'intrigue, que Jane avait le même cynisme et la même langue de vipère que sa mère, que Cassandra pensait que Fanny devrait épouser Henry Crawford... Et tant d'autres choses passionnantes !!
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