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Chroniques de Meryton retrace l'histoire d'Orgueil et Préjugés du point de vue de Maria Lucas, la petite soeur de Charlotte. Il s'agit également du dernier roman d'Elizabeth Aston, qui nous a quitté en début d'année.
J'aimerais dire que j'ai aimé ce nouvel opus de l'auteur mais pour être honnête, je l'ai trouvé, au mieux, sans intérêt. Tout d'abord, Maria n'est pas Maria. Maria, ici, est extrêmement intelligente, plus qu'Elizabeth même. Oui, ça peut surprendre, je sais et vous vous demandez sûrement comment l'auteur justifie ce surprenant changement. Et bien c'est très simple, en fait, Maria fait semblant d'être idiote. Bref, je ne comprends pas l'intérêt de choisir l'un des personnages de Jane pour ne pas le respecter alors que l'auteur aurait très bien pu inventer n'importe quel habitant du village qui aurait été un témoin tout aussi crédible. Mieux encore, Maria n'est pas seulement un génie, elle est quasiment extralucide puisque dès la première rencontre, le soir du bal de l'assemblée, elle comprend que Caroline Bingley est éprise de Darcy qui s'en contre-fiche et n'a d'yeux que pour Lizzie. Du coup, tout est dit, ou presque. Elle aura d'ailleurs la même clairvoyance sur la première demande en mariage de Darcy, qu'elle devinera dès le lendemain ou encore sur la vraie nature de Wickham ! Si seulement elle avait arrêté de faire semblant d'être idiote pour mettre ses amies en garde !
Et on ne s'arrête pas là sur le terrain des invraisemblances. On a, au choix, Charlotte Lucas qui sort au petit matin en chemise de nuit rejoindre Mr Collins pour qu'il la demande en mariage ou encore le colonel Fitzwilliam qui révèle à Maria les secrets les plus intimes de Georgiana.
Le seul élément de ce livre qui aurait pu être intéressant est l'idylle de Maria, secrètement fiancée. Malheureusement, il n'en sortira pas grand chose, l'échange de lettres est plat et on a du mal à entre-apercevoir le moindre sentiment entre eux. De plus, après avoir raconté tous les ragots du coin à son Henry, Maria les confie à son journal intime, alourdissant le récit de constantes répétitions. Et je ne vous parle même pas de la scène finale, dégoulinante de mièvrerie...
Cette réinterprétation d'Orgueil et Préjugés commence à l'auberge de Lambton, au moment où Lizzy reçoit la lettre de Jane lui annonçant les déboires de Lydia. Premier point important donc, il faut quand même déjà connaître un petit peu l'histoire et le passif des personnages pour comprendre ce qui se joue sous nos yeux.
Dans un "what if", on s'attend également en général à ce qu'un évènement vienne bouleverser le cours des choses alors qu'ici, il s'agit seulement de l'attitude de Lizzy et Darcy qui change. Je ne peux m'empêcher alors de me demander l'intérêt de retrouver ces personnages que j'aime tant qui ne se comportent plus comme les personnages que j'aime tant. Et plus l'histoire avance, plus j'ai du mal, je dois bien le dire. Si j'ai déjà peine à croire qu'Elizabeth mette de côté les ennuis de sa soeur, dont on vient juste de l'informer, pour se laisser embrasser par Darcy, j'ai encore plus de peine à accrocher avec ce couple qui ne pense plus qu'à une chose, se retrouver seuls pour se "prendre la bouche" (je m'excuse platement de l'emploi de cette expression que je trouve affreuse mais elle revient tellement souvent dans le livre que je ne vois pas bien comment décrire cela autrement). Pour que vous compreniez bien quel est le sujet principal du livre, je vous livre les pensées de Darcy au moment où Lizzy lui annonce qu'elle accepte finalement de l'épouser: "une vision issue de ses rêves s'imposait à lui - celle d'Elizabeth, le regard étincelant de passion, dans son lit et dans ses bras." Et sachez que, bizarrement, bien que tout tourne autour du sexe, aucune scène explicite ne conclura cette union, allez comprendre.
Un autre point négatif? Lorsque j'ai lu ma première austenerie, j'étais heureuse de découvrir les états d'âme de Darcy, ici j'en sais trop. Il doute tellement que je ne retrouve rien de l'homme orgueilleux et séduisant dont les défauts faisaient également le charme. Je ne vous parle même pas du poème qu'il envoie à Lizzy, c'est d'un mièvre! Pour ne rien arranger, les autres personnages sont quasi inexistants et la seconde partie du livre n'est qu'une éternelle répétition de la même scène: nous devons être sages / mais vous me provoquez / embrassons-nous sauvagement / oups, je suis mortifiée mais recommençons... Pitié!!
Bref, vous commencez à me connaître, je décortique, je critique mais pour autant, la lecture ne fut pas déplaisante, tout au moins pour ce qui est de la première partie. C'est plutôt bien écrit et bien traduit, c'est déjà ça. En revanche, j'ai beau chercher, je ne vois aucun intérêt à cette austenerie, aucune valeur ajoutée, aucune découverte intéressante, je suis navrée de le dire. Je sais bien que 90% d'entre vous ne seront pour autant pas découragés, et c'est tant mieux, à vous de vous faire votre opinion.
En guettant avec attention les recherches Google qui mènent à mon blog, je remarque que très souvent vous vous demandez si tel ou tel livre a été traduit en français. Je tiens à préciser tout de suite que les élus sont peu nombreux et que se sont rarement les meilleurs mais pour qu'on s'y retrouve un peu mieux, je vais en faire un petit récapitulatif, vous verrez, on aura vite fait le tour!
Edit du 30.08.2014 : Il en existe maintenant une bonne cinquantaine, enjoy!